En brûlant le cinéma, l'IA impose le pire et le meilleur des temps
En 2045, on verra qu'avec le Tout IA, le système culturel s'est effondré sur lui-même. On dira, comme Dickens: c'était le meilleur des temps, c'était le pire des temps. Qui en seront les héros ?
“C'était le meilleur des temps, c'était le pire des temps” Dickens, “A Tale of Two Cities”
Est-ce que le cinéma et ses métiers existeront encore en 2045 ? Alors que ce septième art s’enfonce dans cet engrenage dévastateur👆, qui d’autre que des créateurs courageux, des héros armés de nouveaux leviers créatifs, pourraient le sauver ? Je tente dans cette lettre d’élucider le mystère de ces clés de la création de langage. Comme elles remontent à 2 millions d’années, elles seront celles de notre futur. Alors que ces clés ne sont enseignées par aucun professeur, comment ont-elles pu forger la trajectoire héroïque de Mary Pickford (United Artist) ? Comment ont-elles décidé du destin de l’extravagante Scarlett Johansson 👆 ? Pourquoi ces clés de l’art cinématographique, sont-elles aussi de puissants leviers pour Rise Witherspoon👇 et Christopher Nolan 👆 ? Ceci nous conduit à LA question économique qui empêchera demain de dormir les barons d’Hollywood comme ceux de Netflix: quelle valeur intellectuelle ces héros farouchement indépendants vont-ils créer ? Est-ce que ces dieux du cinéma pourraient le sauver de l’enfer ? Par quel tour de force pourraient-ils mettre mettre la colossale propriété intellectuelle d’Hollywood… au tapis, la rendant soudainement obsolète ?
2025-2045: c’était le meilleur ET le pire des temps
Le dossier du Point👆 “Hollywood brûle-t-il” d’Aout 2025 a le mérite de détailler l’effondrement du cinéma, mais il n’en cherche pas les véritables causes. Ce qui le conduit à se tromper lourdement sur son futur en clamant dans leur une que “L’industrie contre attaque”. Rien n’est plus faux: j’argumente à l’inverse que cette industrie culturelle, comme toutes les autres (édition, musique, jeux vidéos…), va s’effondrer sur elle-même. Elle va se faire hara-kiri en brûlant ses somptueux vaisseaux, tout simplement parce qu’elle tue la créativité et les artistes. Comment ? Avec son “Tout IA, tout robotisé” imposé par Trump et ses barons de la tech.
Je vous propose dans cette lettre de faire un saut de 20 ans dans le futur pour vous raconter ce qui va se passer véritablement à l’âge de l’IA; pour vous expliciter ce qu’aucun professeur d’économie ne pourra ni prévoir et encore moins enseigner.
Imaginez que vous êtes en 2045. Des experts et des professeurs d’économie triés sur le volet dressent le bilan des 20 premières années de l’âge de l’IA (2025-2045). Ils sont forcés de faire ce double constat paradoxal, étrange, dérangeant pour le système en place.
D’un côté, ils constatent qu’avec Trump (2024-2028), nous sommes rentrés dans une économie, dans un monde à la Mad Max du “Tout IA, max de profit”. (Je l’ai décris dans cette lettre). Les industries culturelles et leurs dirigeants, en robotisant tous les métiers à l’extrême, ont tué la poule aux oeufs d’or. Logiquement, les salaires des métiers de tous ces secteurs ont chuté dans une spirale infernale; sauf les salaires des-dits dirigeants, bien sûr. Nos experts sont obligés de constater que, comme l’avait prédit Coluche le rebelle 50 ans avant, ces dirigeants sont à la fois bons à rien mais aussi prêts à tout pour sauver leur peau. Nos experts constatent que les films sont (presque) tous devenus une bouillie infâme de franchises et de séries robotisées, sans saveur car générées par l’IA. En conséquence, les spectateurs ont déserté les salles obscures, leurs écrans, et les médias en place. Dans cette folie auto-destructrice des-dits dirigeants, toutes les industries culturelles (streaming, cinéma en salle, édition, musique, bande dessinée, médias…) ont fini par s’effondrer sur elles-mêmes ! Leur propriété intellectuelle ancienne ne vaut (presque) plus rien. Avec internet, la concentration extrême du “Tout IA” entre plateformes de production et plateformes de distribution - pensez au monopole de Netflix - force l’effondrement de la créativité des films et du système de la connaissance (lisez les 8 signaux d’alerte ici).
Mais d’un autre coté, nos experts constatent constatent avec inquiétude l’essor irrésistible de ces héros irréductibles, de ces créateurs farouchement souverains. Ils étudient éberlués le jaillissement de valeur le plus phénoménal de l’histoire de l’art qu’ils comparent même à celui de la Renaissance post Gutenberg. Ils tentent de caractériser les techniques de ces dieux qui ont sauvé le cinema, mais il sont obligés de constater qu’aucune université, qu’aucun professeur ne les enseigne ! Pour résumer, leur bilan est le même que celui de Dickens au 19e siècle: c’était le meilleur des temps pour ces héros, c’était le pire des temps (celui du “Tout IA, max de profit”). Mais pourquoi le système au pouvoir continue-t-il à recommander le pire de l’IA pour les plus faibles ?
Les questions qui forgent notre avenir, le pire et le meilleur ensemble
En songeant à ce qui précède, voici les 5 questions culturelles et politiques essentielles dont il me semble urgent de débattre. Elles forgent notre avenir, le pire comme le meilleur.
J’ai expliqué dans ma lettre précédente que le pire des temps - cet âge du “Tout IA, Mad max de profit”, doit-être compris comme un engrenage infernal. Il détruit les métiers et la culture qui seule nous unissent: est-ce cela qui explique la spirale de chaos politiques, la série d’effondrements industriels et culturels qui va occuper les 20 ans qui viennent (ex: cinéma) ?
Cet âge des chaos sera (aussi), et d’abord, le meilleur des temps, mais pour qui ? Pour nos politiques et nos PDG prêts à tout pour sauver leur peau ? Songez à Trump: la vérité est que nos dirigeants se moquent totalement des lois et du fait que les travailleurs soient robotisés par des algorithmes. En effet, l’effondrement de la valeur du travail banalisé par l’IA galvanise les meilleurs profits de l’histoire du capital. Et si, dans les 20 prochaines années, les inégalités et les monopoles déguisés (ex: Netflix) progressaient plus vite qu’en 300 ans de révolutions industrielles ?
Comment, à cet âge où la valeur du travail et des actifs créatifs est toujours plus imprévisible, est-il possible que la valeur de la propriété intellectuelle ancienne (du cinéma, des livres, de la musique, de la BD,…) devienne si soudainement obsolète ? Et qu’à l’inverse la nouvelle valeur intellectuelle des héros qui se réinventent - ces créateurs (enfin!) souverains, devienne bondissante, extravagante, explosive ?
Je plonge dans cette lettre au cœur de ces 8 clés de l’art, celles de l’origine et de l’avenir de l’homme, parce qu’elles nourrissent ma recherche, parce que je les enseigne. En vous expliquant ces techniques et cette radicalité qui animent aujourd’hui ces héros en pointe (NON robotisables), j’espère éclairer cette énigme psychologique, ce paradoxe persistant: pourquoi ces clés créatives ne sont-elles enseignées dans aucun système académique ? Alors que l’histoire de l’art la plus ancienne montre que ces clés sont à la fois vitales et indépassables pour progresser, pourquoi aucun professeur ne les enseigne ?
Comment vous emparer de ces techniques ancestrales qui ont fait leur preuves pour vivre (enfin!) dignement d’une forme d’expression artistique pleine de sens ?
Parce que l’histoire n’est pas écrite, elle nous réserve, dans ce monde imprévisible où la culture est disloqué par l’IA, des coups de théâtre et des révolutions en tous genre. Car quand l’échelle exponentielle de l’IA fait voler en éclat les lois et les règles du monde d’avant - songez à Trump, dites-vous bien que tout devient possible. Et si nos héros rentraient en résistance ?
Ces héros en résistance rendent leurs métiers NON robotisables
Il n’y a pas que le cinéma qui “brûle”, il y a aussi tous ses métiers: des gens en chair et en os dont le salaire s’effondre. Ils résistent avec leurs clés de survie car le Tout IA s’imposera aux studios américains comme français.
Découvrons ces 8 clés en voyageant dans la vie de Witherspoon, de Nolan, puis de Pickford. La première, actrice et productrice née en 1976 à La Nouvelle-Orléans, oscille entre comédie et drame (« Walk the Line », « Big Little Lies »), tout en dirigeant sa propre société de production pour défendre la voix des femmes à Hollywood. Le second, réalisateur et scénariste né en 1970 à Londres, est reconnu pour des œuvres comme « Inception », “Gravity” ou « Dunkerque », conjuguant narration innovante et liberté artistique. Witherspoon et Nolan sont farouchement indépendants, ils illustrent la maîtrise de ces 8 clés créatives:
La première clé est l’effet miroir. Les auteurs savent tendre leur miroir aux grands référents qu’ils admirent, à condition de s’en détacher un jour pour trouver leur singularité. Il créent par essais-erreur des choses au départ intimes mais qui résonnent auprès d’une audience qui s’agrandira.
La seconde clé est l’esprit critique : expérimental chez Nolan, engagé chez Witherspoon, cultivant les essais-erreurs, les remises en question qui permettent de progresser. Les six clés suivantes sont des pouvoirs:
Pouvoir de Transmission : leurs films portent des messages puissants sur l’humain ou la société. Il s’agit ici aussi d’un pouvoir de transmission à l’enfant ou à ses pairs.
Pouvoir de Transversalité : ils naviguent entre les genres et les formes d’expression artistiques (écriture, dessin, peinture,…). Ils mêlent les genres (drame, thriller, humour) et les émotions.
Pouvoir d’Introspection : leurs personnages sont multidimensionnels, leur formes d’expression invite à se questionner soi-même.
Pouvoir de Singularité : ils ont des styles visuels marqués, ils font des choix thématiques forts, ils ont des signatures reconnaissables.
Pouvoir de Transcendance pour réaliser les rêves (voir à la fin celui de Balzac). Ils abordent des sujets universels, élevant leurs œuvres au-delà du simple divertissement.
Pouvoir de Valorisation : avec ces 8 clés, ces artistes résolument indépendants ne cessent jamais d’augmenter leurs capacités, leur valeur intellectuelle, et celle de leurs œuvres qu’ils maîtrisent à 100%. Nous verrons comment, quand elle passe à l’échelle de l’IA, cette valeur devient jaillissante, explosive.
Et voici Mary Pickford, la plus audacieuse des créatrices de l’histoire du cinéma. En 1919, elle fonde United Artists avec Charlie Chaplin et Douglas Fairbanks. Ils révolutionnent Hollywood en garantissant leur indépendance artistique et financière face aux grands studios. Au sein de ce groupe, le rôle de Mary Pickford, surnommée « la fiancée de l’Amérique », est exceptionnel: première femme à prendre le contrôle sur la production et la distribution de ses propres films, elle impose sa vision, choisit ses scénaristes et techniciens, supervise le montage et la finalisation. “Pickford possédait l’intelligence d’un capitaine d’industrie”, selon Samuel Goldwyn. Elle s’impose comme un modèle féminin, à la fois star, productrice et pionnière. Elle est l’héroïne qui incarne la puissance créatrice et l’émancipation des artistes à Hollywood.
Pickford, Nolan et Witherspoon incarnent la capacité rare de renouveler continuellement nos clés créatives et de rendre nos formes d’expression originales (écriture, dessin, cinéma,…) à jamais NON robotisables
J’ai répondu ici à la troisième grande question 👆: les créateurs (enfin!) souverains vont s’emparer de ces 8 clés pour mettre au tapis la propriété intellectuelle de toutes les industries. Ils vont retourner l’arme de l’IA que l’industrie pointe sur eux. Ils vont augmenter leur pouvoir de valorisation intellectuelle dans des proportions considérables.
À vous de choisir: devenez le héros balzacien et dinckensien du meilleur des temps ?
« La pensée imprimée est une valeur anthropomorphe, car un auteur y met sa vie et son âme. Que la valeur intellectuelle reste, enfin, là où elle est née ! » Balzac
Balzac exprime ici son rêve de transcendance; il désire atteindre une souveraineté intellectuelle que le système lui refuse. Voulez-vous, à l’instar des héros de demain, réaliser ce rêve balzacien et dickensien ? Il vous revient de choisir ce que vous voulez accomplir dans les 20 ans qui viennent.
Le premier choix est le plus facile, mais je ne le souhaiterais pas à mon pire ennemi. Dans ce monde à la Mad Max, l’enfant ou l’adulte peut continuer à déléguer tous ses efforts cognitifs à l’écriture artificielle (IA). Les esprits les plus faibles verront fatalement leurs capacités et leur avenir sombrer. Ainsi, le futur d’une jeunesse est condamné… sauf si nous combattons avec le second choix: le plus exigeant, le plus courageux; et aussi le seul qui permet de s’accomplir.
Ce second choix vous permet de réaliser ce rêve des grands auteurs en résistant. À vous de combattre pour le meilleur des temps ! Il vous revient de prendre le pas des héros de l’histoire en vous emparant des 8 nouveaux leviers des créateurs, ceux que j’enseigne ici. L’histoire montre qu’ils augmentent vos capacités créatives.
Rendez-vous à la prochaine lettre où je tente d’élucider un autre mystère de l’histoire et de l’avenir de l’art: après les deux premiers jaillissements du cerveau à l’âge de Sapiens puis de Gutenberg (1450), serait-il possible que les nouveaux héros de la contre-culture de l’IA engendrent le plus grand jaillissement créatif de l’histoire humaine ?
Alors, que choissisez-vous ? Si vous avez une autre option à proposer pour éviter l’effondrement de la culture qui nous unit, merci de l’indiquer en commentaire👇 ?
David Jamet, auteur et chercheur - david@livre-contre-ia.fr